dimanche 6 octobre 2013

"May I have your money."


Voilà qu'on décide de prendre un autobus pour franchir le "no-man's land" de 220 km qui sépare Kratie de la frontière avec le Laos. Malheureusement, les chauffeurs veulent nous charger le double du prix pour amener nos vélos, comme s'ils allaient le rentrer dans l'autobus. Arnaque! Mais ils ont le monopole alors on va ailleurs et on se trouve un autobus pour Stung Treng à 60 km de la frontière.

Alors le bus nous dépose au bord d'une route au milieu de nulle part à midi. Il fait chaud en... On nous dit : "La ville c'est par là, mais c'est inondé alors on ne peut pas vous y déposer, heureusement il y a le bus ici qui part pour le Laos à l'instant." Comme de fait, le dit bus nous charge encore plus cher que les crosseurs d'hier. On s'ostine avec le gars qui finit par nous envoyer promener et sacre son camp avec son autobus.  Nous voilà au milieu de nulle part entourés d'eau avec nos bicycles et ne sachant pas où aller. Petite panique...

45 minutes plus tard, après avoir traversé 3 rues avec de l'eau en haut des genoux donc nos bécanes toutes inondées... Nous voilà une hotel dans une ville tout plein d'eau où la vie suit son cours comme si de rien était sauf que le monde se promène en bateau dans les rues.

Après ça, les choses s'améliorent, on a gagné le Laos après avoir versé quelques petits pots de vins aux douanes comme il se doit, maudite corruption. On a finalement abouti aux 4000 îles, sur le Mékong. C'est une escale incontournable du trajet du backpacker au sud du Laos. Ambiance hippie, alcool à profusion, drogue accessible... Parfaite place pour rencontrer d'autres touristes. Le Mekong est rempli de belles îles et tout le monde se retrouve sur la même, pourquoi? Bref, pas notre meilleure escale.

Après 2 jours de bicycle, on a gagné la ville de Champasak. Coup de coeur! Bâtiments coloniaux entre montagne et Mekong. Un Wat comme à Angkor mais dans un cadre beaucoup plus impressionnant et sans les touristes. Un centre de thalassothérapie où faut dire qu'on s'est bien gâtés. Plus beau village du voyage jusqu'à maintenant.

Puis, on a décidé de se rendre plus au Nord sur une île pour aller coucher chez l'habitant. Nous voilà donc dans une famille où personne parle Anglais sauf les mots "motor boat" et "sleeping". On nous amène à la pêche au filet. Il faut lancer le net pour qu'il effectue un cercle parfait. Au tour de Marcou qui en se levant manque de nous faire chavirer. On change de place, Marcou se retrouve dans le Mekong avec de la vase en haut des genoux. Voilà qui est plus stable. On repassera pour le cercle parfait. Le soir, on déguste notre maigre récolte de poissons de 4 cm de long. Ce fût une expérience agréable, mais disons qu'avec la barrière de communication, on ne s'est pas éternisés. 

Le temps des décisions est arrivé, le temps file et nos cuisses sont fatiguées. On décide donc de prendre un bus de nuit (de deux étages remplis de lits, une expérience!!) pour traverser au nord, où on passera nos 3 dernières semaines.

À Vientiane, nous avons rejoint Kevin (un québécois qui habite au laos depuis 3 ans) pour un dîner agréable en compagnie de sa famille Laotienne. Puis nous avons passé une journée complète à COPE, un organisme qui fournit des orthèses et des services de physio et d'ergo pour les handicapées. Une grosse partie de leur travail concerne les blessés de guerre. En effet, le Laos est le pays le plus bombardé de l'histoire. De 1964 à 1973, pendant la guerre du Vietnam, les Américains ont bombardé le Laos de plus de 270 millions de bombes dont 80 millions resteraient encore sans avoir explosé. Plus d'une centaine de personnes meurt chaque année ou sont mutilés encore de nos jours, principalement des enfants qui recherchent le métal pour pouvoir le vendre, mais aussi des gens qui en cuisinant dans leur cuisine, font chauffer le sol où il y a une bombe d'enfouie et pouf... Une autre visite instructive d'un organisme bien monté qui fait bien les choses pour assurer un service par les laotiens eux-mêmes. Bravo!

De Vientiane, on a fait 3 jours de vélos dans les côtes pour atteindre Vang Vieng. La saison des pluies tire à sa fin alors c'est un ciel sans nuage qu'on doit affronter entre 9h00 et 15h30 avec un thermomètre qui atteint les 43 degrés celcius. On doit donc prendre de longues pauses le midi, ce qui limite notre capacité à faire de longues distances.

On fait quelques arrêts dodos charmants en chemin dont à un énorme lac entouré de montagnes puis dans une genre de colonie de vacances où le propriétaire laotien parle bien le français et nous a instruit sur les principes bouddhistes, la politique, l'environnement... Le tout autour d'un sanglier chassé par les habitants du village, miam...

Nos pauses du dîner sont aussi très enrichissantes. Avant-hier, des filles ne parlant pas Anglais ont décidé de nous saouler, remplissant notre verre de bière constamment pendant 2 heures avant de transformer la place en Karaoké à 1 heure de l'après-midi. Nous voilà donc un peut chaud à taper des mains au son de musique qu'on connait pas, dans un village perdu, en plein après-midi alors qu'il nous reste 35 km de vélo à faire jusqu'à notre destination.

Puis hier, pendant qu'on mangeait une grosse soupe dans une gargotte familiale, des petites filles ont décidé de pratiquer leur Anglais avec nous. Ils nous font signe de ne pas bouger et partent en vélo pour revenir 15 minutes plus tard avec un petit cahier. Fouille ensembles dans leur livre pour enfin trouver la phrase qu'ils veulent nous demander : "May I have your money please?" Ben oui, tient, prend tout mon argent et achète-toi un autre cellulaire. On l'a bien ri et eux étaient sincèrement déçues qu'on leur donne pas une grosse quantité d'argent. Le mythe du riche blanc leur est donc bien enseigné à l'école. Triste. C'est deux petites filles manquaient clairement de rien, mais bon l'appât de l'argent...

Sur une note plus joyeuse, on se trouve présentement à Vang Vieng, ville réputée pour son tubing, où on descend la rivière dans un tube pour arrêter dans des bars sur l'eau pour y faire des jeux de boissons. Malheureusement la mort de multiples backpackers en coma éthylique dans l'eau a fait en sorte que la majorité des bars a fermé ses portes. La ville change donc progressivement de clientèle pour se lancer dans les sports d'aventure. En effet, le cadre est franchement impressionnant avec des montagnes aux formes particulières et pleins de grottes. 

Pour notre part, on est un peu à l'extérieur de la ville dans une ferme organique où on a loué une maison faite de bois et de boue séchée, vu sur les montagnes et la rivière... On est pas prêt de partir d'ici.